6 - 5000 septims pour Douce Brise...
Fredas 21 Vifazur 4E201
Je me réveillais au bruit familier de l'auberge qui se met en branle. Dans la cuisine on entendait la serveuse chantonner. Dans la salle, les premiers clients commandaient à boire ou à manger et le barde Mikael accordait ses instruments. Je baillais et m'étirais.
"Bonjour mon Thane" c'était la voix de Lydia. Je regardais autour de moi, elle était assise sur la chaise au coin de la chambre.
"Tu n'as donc point dormi?" demandais-je étonnée.
"Si si, j'ai loué une paillasse dans une pièce de l'auberge, ne vous en faite pas pour moi, je suis en mesure de combattre."
Je me levais, me débarbouillais à la cuvette pendant que Lydia descendait dans la salle et m'habillais. Alors que j'allais descendre, la serveuse se présenta à moi.
"Bonjour! Vous faut-il à manger, ou à boire madame?"
Je fut surprise de m'aperçevoir que c'était une Rougegarde, je ne l'avais pas remarqué hier soir. Elle avait une cicatrice sur la joue, bien visible, une griffure avec 3 lacérations parallèles. Aussitôt, la conversation avec les Rougegardes d'hier me revint en mémoire.
"Savez vous que des guerriers Alik'r sont en ville et vous recherche?" lui demandais-je à brûle pourpoint pour constater sa réaction, qui fut d'ailleurs immédiate. La jeune serveuse s'agita nerveusement et regarda autour d'elle.
"Oh non, ils m'ont trouvée!! Je vous en prie, j'ai besoin de votre aide, suivez moi, je voudrais vous parler en privé!"
Elle dévala les marches et se dirigea vers la cuisine. Je la suivie, Lydia leva la tête en me voyant mais je lui fit signe de rester où elle était. Je suivis Saadia la serveuse alors qu'elle gravissait des marches dans la cuisine pour atterrir sur un petit palier qui menait à une petite chambre.
A peine fus-je entré qu'elle sortit une dague et prit un air menaçant.
"Les Alik'r savent donc où me trouver! Combien sont-ils, vous ont-ils offert de l'or? Dites moi!!" Elle était très agitée et j'évitai tout mouvements brusques pouvant être mal interprétés.
"Détendez vous, je ne veux pas vous faire de mal, je veux bien vous aider, ces guerriers Alik'r ne m'ont pas plus du tout dans leur manière." Elle sembla se relâcher un peu quand elle entendit que je ne comptais pas la livrer aux Rougegardes.
"Je ne peux disposer d'aucune aide dans cette ville, les habitants ne me connaissent pas vraiment. Mon nom est Imaan, je suis issue de la noble famille Suuda de Lenclume. Les Alik'r sont à la solde du Domaine Aldmeri, mon sang leur sera très précieux, je suis recherchée à Lenclume pour une vieille histoire et ils ne me laissent pas en paix."
"Et que pourrais-je faire pour vous rendre service?" dis-je en surveillant toujours sa dague levée.
"Leur chef s'apelle Kematu et il se terre quelques part tout en envoyant ses hommes de main à ma recherche. J'ai entendu la garde dire qu'elle avait emprisonnée un Rougegarde à la prison de Fort-Dragon, mais je ne me doutais pas que ce pouvait être un Alik'r. Allez à la prison lui parler, peut-être apprendrez vous où se cache leur chef. Si vous lui réglez son compte, les Alik'r cesseront de me rechercher."
"Eh bien... je vais voir ce que je peux faire dans ce cas."
"Vous avez été nommée Thane de la ville, j'en ai entendu parler ce matin, vous devriez pouvoir interroger le prisonnier sans difficulté!" l'espoir brillait dans ses yeux. Je me demandais ce que cette jeune femme avait bien pu faire à Lenclume pour être recherchée, qui plus est par le domaine Aldmeri. Il devait y avoir là derrière de sombres complots politiques.
"Je vous tiendrai informée. D'ici là, ne quittait pas Blancherive, vous y êtes en sécurité, les gardes ne laisseront pas entrer les Alik'r."
Je prie congé et redescendit dans la salle après un dernier coup d'oeil à Saadia alias Imaan. Elle semblait terrorisée, mais il faudrait bien qu'elle redescende un jour servir les clients...
Lydia salua mon retour d'un hochement de tête, elle avait une brochette de viande à moitié terminée dans la main, qu'elle déposa sur une assiette sur le comptoir.
"Nous partons mon Thane?"
"Oui Lydia, j'ai quelques objets à vendre. Et nous devons ensuite nous occuper de gagner assez d'argent pour acheter Douce Brise. J'ai trop de fardeau dans mon sac et marre de dormir à l'auberge vois-tu?" Je lui souris. Elle me rendit timidement mon sourire mais baissa les yeux. Elle était réellement respectueuse de mon rang et cela me procura une bête joie de voir le pouvoir que j'excercais.
Je sortis une feuille un peu chiffonnée d'une de mes poches.
"L'aubergiste de Rivebois m'a donné ce papier" dis-je en le montrant à Lydia. "As-tu une idée de où se trouve le camp de la Lune Silencieuse?"
"Oui mon Thane, il y a une vieille forge dans des ruines au nord-ouest de la ville..." Je sortis ma carte et elle me montra du doigt l'emplacement.
Je considérais la carte, ce n'était en effet pas loin. Avec un peu de chance, la prime serait bonne et le butin encore meilleur. Et cela nous permettrait à Lydia et à moi de nous accorder en combat.
Je sortis, la pluie était au rendez vous et le ciel était de nouveau gris. Le climat de Bordeciel était vraiment bien différent de celui de Hauteroche. Je me rappelais alors que nous étions le 21 de Vifazur. En Hauteroche, c'était le jour d'Appréciation, une fête donnée en l'honneur de la déesse Mara pour la remercier des récoltes. La fête se déroulait habituellement dans la ville d'Anticlere. Ils feraient la fête aujourd'hui, sous les chauds rayons du soleil d'été tandis que nous en Bordeciel nous nous gèlerions sous la pluie fine de ce maudit pays...
Nous passâmes la matinée de marchands en marchands. J'inspectais l'équipement de Lydia et j'y apportais quelques améliorations. Elle était fantastique cette petite et savait utiliser toutes les armes que je lui proposais. Elle se fixa finalement sur une gros marteau à deux mains et un arc.
Nous nous rendîmes notamment pour la première fois à la Forgeciel.
Nous passâmes devant le Jorrvaskr d'où provenait des chants et des bruits étouffés d'armes s'entrechoquant. Lydia regardait dans cette direction avec envie.
"Tu y es déjà entrée Lydia?" demandais-je alors que nous passions à coté des portes.
"Oui, une fois, j'ai voulu entrer dans la confrérie des Compagnons mais ils m'ont répondu que je n'étais pas encore assez aguerrie" me répondit-elle avec une certaine amertume.
"Nous irons y faire un tour un de ces quatre et nous verrons si ils refusent notre entrée..." J'avais envie de faire plaisir à ma compagne qui m'était fort sympathique.
Nous gravîmes les marches qui menait à la Forgeciel. C'était un édifice impressionnant et intriguant à la fois.
Au sommet se trouvait une plate forme sur laquelle reposait une forge surplombée par la statue d'un oiseau de proie. C'était tout bonnement magnifique. Le forgeron officiait justement. Je m'approchais.
"Bonjour mon brave!" le forgeron se retourna. Je devais avoir affaire à Eorlund Grisetoison, dont Adrianne m'avait parlé. Il était puissamment bâti et des traces de suie sur ses bras et ses mains mettait son métier en évidence. Il posa ses puissants poings sur ses hanches et me dévisagea.
"Que puis-je pour vous?"
"Vous êtes le forgeron de la Forgeciel?" demandais-je pour engager la conversation mais je compris bien vite qu'il ne fallait pas tourner autour du pot.
"Évidemment, il faudrait être aveugle pour en douter!"
"Ah hum... C'est une sacrée forge que vous avez là, je n'en ai jamais vu de pareille!"
"En effet, mes pairs de clans ont travaillé ici depuis que les Grisetoisons se sont installés à Blancherive. Les Compagnons utilisent uniquement l'acier de la Forgeciel, à juste titre!"
"Bien, je voudrais commercer un peu avec vous et au passage, pourrais-je travailler sur votre forge?"
"Si vous vous y entendez, évidemment, il y a de la place pour deux."
Nous commerçâmes rapidement et je terminais toutes les améliorations que je voulais effectuer sur nos équipements à Lydia et à moi.
Il était passé midi quand nous sortîmes de Blancherive pour nous mettre en route vers le Camp de la Lune Silencieuse. Nous traversâmes la lande grise sous une pluie fine et glaciale. Lydia me demanda de lui montrer quelques sorts que je maîtrisais, histoire de ne pas être prise au dépourvu en plein combat.
Je choisis de lui montrer une invocation de familier et elle fut très impressionnée par le loup fantomatique qui se matérialisa. Je lui expliquais tout en cheminant qu'il était l'expression de ma magicka, la forme sauvage de l'energie que j'avais concentré pour le créer. Elle m'écoutait, visiblement un peu perdue. Le combat avec des armes bien matérielles était beaucoup plus dans son domaine.
Nous traversâmes un cours d'eau à guet sur des rochers puis nous atteignîmes une petite mare que nous contournâmes mais quelques choses au centre de l'eau attira mon attention.
"Regarde Lydia, ne vois tu rien qui flotte sur l'eau?" Je m'approchais tout en disant cela. Il y avait en effet quelque chose, un bras squelettique sortait de l'eau, il devait être planté dans la vase, et il tenait une épée!
"Ne bougez pas mon Thane, je vais vous la chercher!" Avant que je n'eus pu protester, l'eau n'allait pas me faire fondre, Lydia avait sauté dans la mare peu profonde et était aller recueillir l'épée. Le bras se désagrégea alors qu'elle en desserrait les doigts pour se saisir de l'épée. La scène plutôt macabre fit sursauter ma compagne qui regagna bien vite la rive. Elle me présenta l'épée.
Celle-ci n'avait rien d'extraordinaire si ce n'était sa facture exotique. Je me souvins avoir déjà vu ce genre d'arme aux mains des Orcs d'Orsinium.
"C'est une épée de facture orque" dis-je en la montrant à Lydia qui était penchée sur mes mains. Elle a l'air passablement vieille, je me demande bien ce qu'elle faisait là et comment cela se fait-il que personne ne l'ait ramasser avant nous?"
"Peut-être que les gens ont eu peur d'aller la chercher..." répondit Lydia en frissonnant. Je devais avouer que cette découverte était plutôt macabre sous le ciel gris plombé de Bordeciel.
Alors que je rangeais l'épée, ce fut une autre curiosité qui attira mon attention sur la rive. Cela faisait déjà plusieurs minutes qu'un léger bourdonnement me parvenait aux oreilles, je n'y avais d'abord pas prêté attention. Mais ce bourdonnement devenait entêtant et alors que nous reprenions notre marche vers le camp de la lune silencieuse, le bourdonnement se fit plus fort. Je regardais autour de moi et une lueur sur la berge du lac attira mon attention.
Je m'approchais et aperçut une plante luisante comme si elle avait été recouverte de poussière de vers luisant. C'était elle qui produisait ce bourdonnement étrange à n'en pas douter. Je jetais un coup d'oeil à Lydia qui haussa les épaules en signe d'ignorance. Je tentais de piocher dans mes souvenirs lorsque ma mère me parlait d'alchimie et le nom me revint : Nirnroot. La racine même du monde de Nirn. Je me penchais et la cueillais délicatement comme me l'avait enseigné ma mère, en laissant suffisamment de racines pour que celle-ci puisse repousser. Je la mis dans ma sacoche d'alchimiste et me promit de l'étudier plus tard.
Les ruines de la forge dont m'avait parler Lydia était en vue. Elle se tenait à flanc de coteau et j'aperçus un point d'accès par le haut. Nous allions pouvoir nous faufiler par là et observer la situation sans être vu pour préparer un plan d'attaque. Il y avait à n'en pas douter un groupe de bandit en ces lieux car quand nous approchâmes suffisamment prêt pour distinguer le centre des ruines, je vis des tables et des claies installées avec du poisson mis à sécher. Je fis signe à Lydia de se déplacer le plus silencieusement possible mais remarquais rapidement qu'elle n'excellait pas dans cet art.
Je distinguais une silhouette en contrebas. Nous décidâmes avec Lydia qu'elle resterait perchée là où nous étions et qu'elle darderait de flêches les cibles qui se présenteraient pendant que moi je descendrais au corps à corps les affronter.
Prestement, je sautais en bas des éboulis tout en surveillant le haut des marches. J'entendais faiblement des coups de marteau sur le métal et me dis que des adversaires devaient être en train de se servir de la forge et pouvaient donc débouler à tout moment. Je regardais dans la direction de Lydia mais elle avait aussi entendu les bruits, bandée son arc et pointée celui-ci vers le haut des marches.
Je me concentrais sur les adversaires en bas. Un cri me parvint, ils m'avaient repérée. Je courus vers le premier bandit, la hache levée mais au dernier moment je lui décochais un trait de glace meurtrier qui le transperça de part en part. Il ne s'attendait pas à une attaque magique.
Il y avait une sorte de petite construction ronde dans laquelle j'apercevais des tonneaux. Un grand gaillard en surgit, armé d'un marteau à deux mains. Au moment où je m'apprétais à lancer un stalactite, un trait de feu magique m'atteignit à l'épaule, me causant une vive douleur. Je fis un bond de coté, aussi bien pour éviter l'attaque du mastodonte au marteau que pour voir d'où provenait la magie. Un mage en armure légère se tenait à distance respectable, ses deux mains brûlant d'un feu magique.
"Lydia!!" hurlais-je à plein poumons en me tournant vaguement dans sa direction. Peine perdue, je la vis au prise avec deux adversaires dans un combat d'archer. Ils ne pouvaient monter la chercher alors ils avaient eux aussi sorti leurs arcs.
J'étais seule contre les deux adversaires. Je fonçais, en évitant un autre coup du costaud, vers la construction ronde et fit volte face pour l'affronter. Ici le mage devrait s'approcher pour m'attendre. Il y avait malheureusement deux entrées, il allait falloir que j'achève vite le guerrier. Il s'avança dans l'encadrement de la porte et je lui décochais un premier trait de glace qui le fit grimacer tandis que je lançais mon bras armé de ma hache en travers de son torse. Il s'écroula. Je sentis le souffle de feu du sort du mage passer à quelques centimètres de mon visage. Je sortis à l'air libre pour avoir plus d'espace et s'ensuivit un combat entre le feu et la glace. Malheureusement pour lui, le mage n'était pas aussi agile que moi et il succomba.
Je gravis les marches rapidement tout en regardant du coté de Lydia, elle avait une flèche qui lui transperçait la cuisse mais continuait à se battre comme si de rien n'était. Quand elle m'aperçut, elle sauta en bas des ruines et courut à ma suite vers les deux adversaires. Se battre sur les marches ne fut pas simple, nous étions désavantagées en nous trouvant en bas mais nous vinrent à bout des deux hommes.
Je jetais un coup d'oeil à Lydia qui me fit signe que ce n'était rien. Elle cassa la flèche avec une grimace et la fit glisser hors de sa cuisse. Nous entrâmes dans la forge, mais il n'y avait plus un bruit. Avions-nous, sans nous en rendre compte, tuer le chef de ces bandits? Je retournais fouiller les corps. Il n'y avait rien de bien intéressant dessus. Rien qui permettait de dire que l'un d'entre eux était le chef. Nous pénétrâmes dans la forge.
Elle était à ciel ouvert, avec une enclume et de quoi forger. Un gros coffre se tenait contre le mur sud. Lydia me fit signe qu'elle montait la garde à la seule entrée et j'explorais les lieux. Je trouvais plusieurs armes tout à fait étranges. Elles étaient de facture courante : une hache et une masse, mais elles brillaient d'un halo verdâtre. Pourtant, je ne ressentais pas de magie quand je les prenais en main. Un livre posé sur l'établi attira mon attention : "Note sur le Forge Lunaire". Je l'ouvris et le feuilletais rapidement, il n'y avait de toute manière que peu de choses d'écrite. Cela disait que les armes créées sur cette forge avaient la propriété magique de transférer la force vitale de l'ennemi au possesseur de l'arme mais uniquement lorsque les lunes étaient hautes, c'est à dire la nuit.
Un autre livre était sur l'établi :"Forge d'armure légère" mais je le possédais déjà. Dans le coffre je trouvais plusieurs lingots d'acier et quelques babioles.
"Le chef des bandits n'est pas ici Lydia, nous devrions mieux explorer ces ruines, il doit y avoir une entrée ou quelque chose du genre."
Nous redescendîmes les marches prudemment. Et en cherchant bien nous découvrîmes qu'il y avait une porte qui nous avait échappée et aussi une petite pièce, fermée par une grille mais je ne trouvais aucun mécanisme pour l'ouvrir. Pourtant, je voyais clairement à travers les barreaux un coffre.
Nous pénétrâmes dans les ruines.
Un feu de camp brûlait au centre de la première salle et 3 lits de camps étaient disposés autour. J'entendais vaguement des voix sur ma droite. Nous avançâmes discrètement avec Lydia mais pas assez pour ne pas nous faire repérer. Deux pillards fondirent sur nous à grand renforts de cris. Il n'était pas simple de manoeuvrer à deux combattantes dans ces couloirs étroits mais je n'eus pas grand chose à faire. Je tentais bien d'avoir un angle correct pour darder de ma magie les assaillants mais Lydia réduisit leur crâne en bouillie à coup de son puissant marteau. J'étais impressionnée et lui tapais amicalement sur l'épaule.
"Vous avez du culot de venir ici et de tuer mes hommes!" Une voix forte retentit au détour d'un couloir. La chef des bandits, car c'était une femme, nous attendait devant une lourde porte de bois. Lydia se jeta sur elle en hurlant "Par Talos!" et lui porta un violent coup de marteau qui fit vaciller l'adversaire qui pérorait quelques instants plus tôt. J'étais mieux placée que pour le combat précédent et je décochais un trait de glace acéré qui atteignit la femme en pleine tête. Elle s'écroula lourdement sur la porte qui trembla dans ses gonds.
"Bien joué Lydia!" Je jubilais et la nordique me rendit un sourire carnassier.
Nous fouillâmes les cadavres et je découvris sur la chef des bandits de magnifiques bottes en métal qui devaient être magiques car de petits éclairs les parcouraient quand on les touchait. Je les remis à Lydia qui me remercia et s'empressa de les enfiler. Elle me confirma leur caractère magique et sembla ravi de mon cadeau. La porte contre laquelle gisait la chef des brigands était fermée à clef.
"Arme toi de patience Lydia, tu peux même aller boire une gorgée d'Hydromel aux bouteilles que j'ai vu à l'entrée, je ne suis pas une pro en crochetage" la prévins-je. Elle éclata de rire et s'en retourna comme je lui conseillais à la première salle.
La porte ne fut finalement pas si compliquée que cela à crocheter et je n'y passais que 3 crochets.
Ce devait être la réserve des bandits. Nous entrâmes dans une salle à peu prêt ronde, avec une échelle en son centre, un coffre et plusieurs étagères remplies de butin. Je dénombrais plusieurs potions de soin, de magie et de vigueur que je m'empressais d'empocher et aussi pas mal de bourses emplies de septims. Nous grimpâmes à l'échelle, prêtes au combat mais la pièce dans laquelle nous débouchâmes était vide et elle s'avéra être celle qui était barrée de l'extérieur, à coté de l'entrée. Nous pillâmes le coffre et actionnâmes le mécanisme de sortie.
"Et maintenant Thane, nous allons toucher notre récompense?"
"Exactement Lydia. Je voulais te dire que tu es une bonne guerrière, je suis heureuse que tu es été désignée pour être ma Huscarl." Et je lui tapotais l'épaule. Elle inclina la tête en signe de soumission mais je vis briller dans ses prunelles de la fierté.
Je levais les yeux vers le ciel. Avec ce temps, impossible de déterminer l'heure mais j'estimais que ce devait être la fin de l'après midi et que la nuit n'allait plus tarder. Nous reprîmes notre route vers Blancherive qui se dressait devant nous. Elle était décidément impossible à rater, un monolithe de civilisation au milieu de cette plaine balayée par les vents. Tout en songeant à cela, je ne me rendis pas compte que mes pas me portaient vers la falaise au pied de la ville.
Ce furent les paroles de Lydia qui me tirèrent de ma torpeur.
"Mon Thane... je vois d'ici un campement installé sous cet escarpement rocheux" Elle se mit à ma hauteur et pointa du doigt une saillie de la falaise. Il y avait en effet un camp.
"C'est bizarre, un campement sous les murs de la ville?"dis-je pensive.
"J'ai entendu dire par les gardes qu'il y avait un trafic de Skouma qui sévissait ces temps ci... Peut être ce camp a t-il un rapport?'
"Pas bête... ton marteau est prêt?"
"Toujours mon Thane, pour vous servir!"
Nous avançâmes dans les hautes herbes, le campement avait l'air étrangement désert. Une charrette était installée à l'entrée et un cheval sellé broutait. Il leva la tête et hennit à notre approche. Je grimaçais mais continuait à avancer, maudit canasson. Pas de traces de quiconque. Une table, des chaises, un feu de camp, des barils, tout ce qu'il fallait pour être plus ou moins confortablement installé...
"Des mages!!" C'était Lydia qui criait et elle avait décrocher son arc et sortit une flèche et regardait vers l'Est. Je sortis précipitamment pour faire face à deux mages en robe noire.
Le combat fut bref car plutôt que de m'engager dans une lutte de sort contre deux adversaires, je me jetais au corps à corps. J'y laissais quelques plumes au passage car les sorts des mages m'atteignirent cruellement. A peine les deux mages étalés au sol que j'invoquais un sort de soin pour guérir mes blessures. Lydia s'approcha l'air inquiète mais quand elle vit mes plaies se refermer d'elles même, elle se détendit. Nous partîmes fouiller les lieux, et faillirent bien nous faire tuer en n'entendant pas arriver d'autres bandits.
Ils accoururent de l'autre coté de la falaise, armés d'épées et de masses et nous prirent par surprise. Nous ne nous attendions pas une deuxième vague mais nous en vinrent à bout. Ils étaient bien équipés, armures d'acier et armes acérées. Nous ramassâmes autant de choses que nous purent et je trouvai en effet de la Skouma dans les placards. Je la montrai à Lydia.
"C'est de la drogue mon Thane..." dit-elle visiblement dédaigneuse.
"Oui, je sais, je vais ramener ça aux soldats et leur indiquer la cachette de ces brigands."
La nuit tombait quand nous reprîmes la route en longeant les fortifications de Blancherive. Nos sacs pesaient une tonne, alourdit de tout le butin que j'avais ramassé, dans l'espoir de pouvoir réunir la somme voulue pour acheter Douce Brise, mais je savais que 5000 septims était une grosse somme.
Alors que nous passions les portes de la ville, les lunes se levèrent. Curieuse, je sortis une arme en acier lunaire. Elle brillait faiblement dans la nuit, d'une aura magique. Il faudrait que j'essaie cette arme.
Il n'était pas question d'aller vendre tout notre bardas à cette heure, toute les boutiques étaient fermées. Aussi, nous nous retrouvâmes une nouvelle fois à l'auberge de la jument pavoisée.
Je commençais à en avoir assez de l'agitation de l'auberge le soir venu. C'était certes très agréable quand il n'y avait rien d'autre à faire mais mes oreilles résonnaient du chant incessant du barde. Je m'assis à coté d'une jolie femme et entamait une miche de pain avec du fromage. Elle me salua.
"Bonjour, je suis Carlotta Valentia, je ne vous ai encore jamais vu ici belle dame?"
"Pourtant, cela fait plusieurs jours que je séjourne dans cette auberge. Je m'apelle Kalista et je viens de Hauteroche."
"Une belle femme comme vous dois savoir se défendre, sinon il y aurait déjà une horde de nordique collée à vos basques non?"
"Pourquoi, cela est votre cas?" demandais-je intriguée.
"Pour sur..." Elle jeta un coup d'oeil derrière son épaule et je suivis son regard. Le barde chantait mais n'avait visiblement d'yeux que pour elle. Quand il s'aperçut qu'elle le regardait, il lui lança un sourire enjôleur et une oeillade voulu langoureuse. Je pouffais.
"Ce n'est pas drôle, ce barde ne me lâche pas depuis plusieurs semaines, il ne veut pas comprendre que je suis veuve et que je pleure mon mari, et que je n'ai pour le moment à l'esprit que ma fille. Vous vous rendez compte qu'il s'est vanté dans cette auberge qu'il me conquérait comme les vrais nordiques domptent les juments sauvages! Il va finir avec une dague en travers de la gorge si il n'arrête pas de pérorer!"
Elle avait vraiment l'air en colère et elle but une rasade d'hydromel. Cette histoire commençait à m'amuser.
"Vous voulez que j'aille lui parler? Je lui expliquerai qu'il doit vous laisser tranquille?"
"Oh, vous pouvez toujours essayer, cela serait un miracle si vos paroles arrivent jusqu'au centre de son crâne épais!"
Je souris et me levait. J'attendis que le barde fasse une pause et je l'interpellais.
"Mikael, je voudrais vous parler" Le barde se tourna vers moi et me sourit d'un air avenant tout en me reluquant vertement.
"Vous devriez laisser Carlotta tranquille, elle n'est pas disponible et en assez de vos propos déplacés."
"Comment cela, c'est elle qui vous envoie? Elle est a moi mais elle ne le sait pas encore, elle est tellement belle. Je n'entends là que l'expression de votre jalousie, vous êtes aussi une belle femme, si c'est ce que vous voulez m'entendre dire" prétendit-il tout en reluquant ouvertement ma poitrine et mes hanches. La moutarde me monta instantanément au nez.
"Arrêtez tout de suite cela, ou vous recevrez mon poing sur la figure, espèce de paon!" crachais-je hors de moi.
Cela n'eut pour effet que de rendre ses yeux encore plus brillant, je l'excitais le bougre à lui tenir tête! Il n'en fallut pas plus pour que mon poing vienne s'écraser sur sa bouche. J'en eus mal à la main, les dents s'en aucun doute à travers ses lèvres mais cela ne m'empécha pas de lui décocher un gauche dans les côtes. On ne m'avait jamais appris à me battre à mains nues, nous finirions au sol si il le fallait mais j'allais défendre mon honneur ainsi que celui de Carlotta.
J'entendis du brouhaha autour de moi, les nordiques adoraient la bagarre en vérité. Mikael se défendit et me décocha quelques coups vicieux, j'en esquivais la plupart mais quelques uns me prirent en traître dans les flancs. J'entendais la clameur de l'auberge autour de moi, tout le monde était ravi de cette bagarre impromptu! Je vis Lydia appuyé sur un pilier, prête à agir sur un ordre de moi mais elle avait bien compris que c'était une affaire d'honneur et me regardait sans bouger.
Le pugilat, qui dura bien trop longtemps à mon goût, se conclut sur une défaite du barde! Il s'écroula au sol, crachant du sang et éructant.
"Arrêtez, arrêtez! Vous avez gagné!!" J'eus toutes les peines du monde à retenir mon dernier coup. Je sentis qu'on m'appliquait un linge humide sur mon oeil tuméfié qui avait reçu un mauvais coup. C'était Carlotta, le visage empourpré par l'excitation de la bagarre. A ma grande surprise, elle m'embrassa sur les lèvres, piqua un fard et se sauva aussitôt hors de l'auberge. Je restais idiote, avec mon linge à moitié sur l'oeil et mes poings encore crispés. J'entendis l'auberge m'acclamer!
"Vive la Thane Kalista!" Un guerrier en armure du nom de Sinmir vint me congratuler pour mon beau combat tandis que la tenancière de l'auberge relevait Mikael et lui appliquait le même traitement qu'a moi.
"C'est bon, vous avez gagné, je vous présente mes plus plates excuses et jure sur mon honneur que Carlotta n'entendra plus parler de moi..." bafouilla Mikael en allant s'asseoir sur une des chaises de l'auberge. J'eus un peu honte en le regardant partir, je l'avais bien amoché et il ne recommencerait pas à chanter de si tôt avec ce visage tuméfié. Je ne devais moi même pas être très belle à regarder.
Lydia s'avanca vers moi, l'air goguenard.
"Alors, on devient une vrai nordique, on sort les poings à la première occasion mon Thane? Belle bagarre sans nul doute!"
Je rougis furieusement. Ce n'était en effet pas dans mes habitudes de me battre à poings nus dans un bar! Mortifiée par mes actes, je fis signe à Lydia que son service était terminé pour ce soir et que je montais me coucher.
Quand je me glissais entre les draps, j'avais encore sur mes lèvres le goût salé du baiser de Carlotta. Les nordiques sont des gens bien étranges...
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